Abbaye cistercienne fondée à la fin du XIe siècle. L'église est construite entre 1170 et 1212. Les bâtiments ont été détruits en 1823 sauf la ferme monastique, le jardin des plantes médicinales et les celliers.
Guidé par son désir de réforme du monachisme bénédictin traditionnel, Robert de Molesme fonde l’abbaye de Molesme à la fin de l’année 1075. Ses moines acceptent pourtant des biens temporels ou la présence régulière de seigneurs en ses murs et très vite, le monastère n’offre plus les conditions requises par certains pour satisfaire leur quête d’idéal. Guy et Guérin de Mousson sont de ceux-ci. Ces dissidents sont persuadés qu’il faut trouver de nouvelles méthodes pour vivre le plus conformément possible aux attentes de Dieu. Ils quittent Molesme vers 1094 pour s’établir dans une vallée du diocèse de Genève.
Un monastère à l’abandon 1792 - 1940
Le 4 mai 1794, le clocheton de l’abbaye est abattu. Il s’agit de la seule atteinte faite aux bâtiments par les révolutionnaires, Les autorités françaises sont en effet dans l’obligation de loger des troupes en Vallée d’Aulps pour contrer un éventuel retour des troupes piémontaises et maintenir une certaine pression sur la population. À cette fin, elles conservent les bâtiments en état. La menace et les soldats disparus, les copropriétaires procèdent en 1799 au partage du domaine mais maintiennent l’église en indivision.
Il faut attendre l’incendie de l’église paroissiale de la Moussière dans la nuit du 11 au 12 mars 1823 et la séance du conseil municipal du 16 mars pour que les villageois de Saint-Jean-d’Aulps pillent et détruisent l’abbatiale. Les matériaux récupérés servent à la reconstruction de l’église incendiée, à l’empierrement des routes ou à l’édification de plusieurs maisons particulières. De l'intendant du Chablais à l'évêque d'Annecy, l'indignation des autorités civile et ecclésiastique est unanime.
Grâce à l’action du conseiller général Ernest Tavernier, propriétaire de la ferme du domaine, l’abbatiale est classée aux Monuments Historiques le 6 octobre 1902.
Sur le papier, l’église cesse dès lors d’être une carrière de pierre. Il reste pourtant par endroits jusqu’à trois ou quatre mètres de débris de toute sorte. Pendant dix ans, le curé de Saint-Jean-d’Aulps Alexis Coutin déblaie dans l’indifférence générale l’emplacement de l’église au prix d’efforts inouïs. Une modeste plaque à sa mémoire est apposée sur l'un des piliers de la nef de l'église.
L'acquisition du domaine abbatial par la communauté de communes de la vallée d'Aulps en 1994 permit d'entreprendre des fouilles archéologiques et surtout de restaurer la ferme monastique. L'emplacement de l'abbatiale est propriété du conseil général de la Haute-Savoie depuis 2007 et le reste du domaine (3 hectares) appartient à la Communauté de Communes de la vallée d'Aulps. En 2007, sur le site de l'abbaye, Le Domaine de Découverte de la Vallée d'Aulps a ouvert ses portes. La visite comprend un centre d'interprétation aménagé dans l'ancienne ferme monastique. Il est consacré à la vie quotidienne des moines au Moyen Âge et comprend aussi une tisanerie et une boutique de souvenirs. Le reste du domaine est pour sa part composé d'un jardin des simples, d'un potager médiéval et des divers vestiges des bâtiments conventuels (abbatiale, porterie, celliers).
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